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SANTE SEXUELLE | Thursday,April 9th 2020

Recrudescence des cas des grossesses précoces et non désirées, des avortements non sécurisés face à l'inaccessibilité des femmes et filles au droit à la santé sexuelle et reproductive en territoire de Mwenga au Sud Kivu(Résultats de la recherche ménée par PIFEVA en 2019)

Dans les zones minières de Kamituga et Lugushwa, situées dans la collectivité/chefferie de WAMUZIMU en territoire de MWENGA, en province du Sud Kivu, à l'est de la République Démocratique du Congo, se pose un sérieux problème de santé sexuelle et reproductive, particulièrement celui relative à la multiplicité des cas d'avortements clandestins et non sécurisés et leurs conséquences, la précarité des soins post avortement, l'existence au niveau communautaire des attitudes et comportements néfastes vis-à-vis de la contraception et de l’avortement. Tels sont les éléments qui justifient l'inaccessibilité de la majorité des jeunes filles et femmes vulnérables et marginalisées aux soins liés à l'avortement en tant qu'un droit des femmes. Cependant, les deux zones minières (Kamituga et Lugushwa) surpeuplées de plus de 800.000 habitants suite aux activités minières.

D'après les résultats d'une récente étude réalisée en mars 2019 par l'ONG PIFEVA dans les deux zones rurales et minières, la majorité des femmes et jeunes filles ayant connu des avortements non sécurisés était âgée de 15-44 ans et dont 47% des grossesses enregistrées dans la période 2014-2018 se sont terminées par un avortement provoqué. La fréquence d'avortements est plus élevé dans les sites et centres d'activités minières de Bwali et Camp VI à Kamituga ainsi qu'à Mapale à Lugushwa où la majorité des jeunes filles et femmes vulnérables et marginalisées ne vivent que de la prostitution non protégée.

Cette situation favorise la multiplicité des grosses non désirées qui constituent ainsi la cause majeur d'une majorité des cas d'avortements clandestins dont environ 3 avortements sur 4 pratiqués à Kamituga et à Lugushwa demeurent non sécurisés. Ce qui accentue le risque aux filles et femmes vulnérables de décéder suite à un avortement. A cela s'ajoute une prévalence de plus de 4% des IST/VIH Sida dans cette partie du Sud Kivu à l'est de la RD Congo.

En outre, les données disponibles à l'Hôpital Général de Kamituga démontrent également que plus de 87% d'interruptions volontaires de grossesses se finissent par la mort de la jeunes filles et ou femme ayant contracté une grossesse non désirée et qui serait auparavant rendue chez une charlatane traditionnelle faute des soins post avortement de qualité.

Sur le plan socioculturel, les croyances religieuses et la coutume priment sur le droit des femmes à l'avortement et encourage la sous estimation de celle-ci dans les deux zones minières.

Signalons que plusieurs villages au sein des quels s'effectuent l'exploitation minière artisanale d'or sont éparpillés dans ces deux zones qui difficilement accessibles et qui ne sont pas couvertes par le peu des structures médicales existantes et qui n'ont pas les moyens nécessaires pour faire face aux besoins des jeunes filles et femmes en santé sexuelle et reproductive et plus particulièrement au besoins de prise en charge des cas d'avortements.

Face à ce contexte sanitaire très difficile que traversent les femmes et jeunes filles vulnérables et marginalisées de Kamituga et Lugushwa au Sud Kivu, l'ONG PIFEVA estime qu'il est important et urgent de mettre en place une clinique mobile offrant des services en santé de sexuelle et reproductives & d'avortement en faveur de cette catégorie des femmes et jeunes filles abandonnées à leur triste sort à l'est de la RD Congo.

Véronique Bulaya

Coordinatrice PIFEVA